Image détaillée de la rétine humaine
Dans un atlas à haute résolution, des chercheurs de B?le et de Zurich montrent comment la rétine humaine se développe. Pour ce faire, ils ont notamment utilisé une nouvelle technique qui leur permet de visualiser plus de 50 protéines simultanément.
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L'essentiel en bref
- Un nouvel atlas montre comment la rétine humaine se développe.
- Pour ce faire, les chercheurs ont cartographié des structures tissulaires tridimensionnelles qu'ils avaient cultivées en laboratoire. Celles-ci sont appelées organo?des.
- L'atlas doit aider à stopper l'évolution d'une maladie oculaire dégénérative qui peut rendre les gens aveugles.
Dans quel tissu humain se trouve quel type de cellule et à quel endroit ? Quels gènes sont actifs dans les différentes cellules et quelles protéines y trouve-t-on ? Un atlas spécial doit fournir des informations à ce sujet - et surtout sur la manière dont les différents tissus se forment au cours du développement embryonnaire et sur l'apparition de maladies. Pour ce faire, les chercheurs souhaitent cartographier non seulement les tissus directement isolés de l'homme, mais aussi les organo?des. Ce sont des amas de tissus tridimensionnels cultivés en laboratoire et qui, à petite échelle, connaissent un développement similaire à celui des organes humains.
"Les organo?des ont l'avantage de nous permettre d'intervenir dans leur développement et de tester des substances actives sur eux. Nous pouvons ainsi en apprendre davantage sur les tissus sains ainsi que sur les maladies", explique Barbara Treutlein, professeure de biologie quantitative du développement au Département des systèmes biologiques de l'ETH Zurich à B?le.
Pour contribuer à un tel atlas, Treutlein a maintenant développé, en collaboration avec des chercheurs des Universités de Zurich et de B?le, une approche permettant de collecter et de rassembler de très nombreuses informations sur les organo?des et leur développement. Les chercheurs l'ont démontré à l'aide d'organo?des de la rétine humaine, qu'ils ont obtenus à partir de cellules souches.
De nombreuses protéines visibles en même temps
La technologie 4i (iterative indirect immunofluorescence imaging) était au c?ur des méthodes utilisées par les scientifiques pour leur approche. Il s'agit d'une nouvelle méthode d'imagerie permettant de visualiser en haute résolution plusieurs dizaines de protéines dans un mince échantillon de tissu par microscopie à fluorescence. La technologie 4i a été développée il y a quelques années par Lucas Pelkmans, professeur à l'Université de Zurich et co-auteur de l'étude qui vient d'être publiée dans la revue scientifique page externeNature Biotechnology a été publié. Dans le présent travail, les chercheurs ont désormais appliqué cette méthode pour la première fois aux organo?des.
En règle générale, les chercheurs utilisent la microscopie à fluorescence pour visualiser trois protéines dans un tissu, chacune avec un colorant fluorescent. Pour des raisons techniques, il n'est pas possible de colorer plus de cinq protéines à la fois. Avec la technologie 4i, trois colorants sont utilisés, mais après la mesure, ils sont éliminés par lavage de l'échantillon de tissu et trois nouvelles protéines sont rendues visibles. Un robot a effectué cette étape 18 fois, ce qui a pris 18 jours au total. Enfin, un ordinateur assemble les images individuelles en une seule image microscopique, sur laquelle 53 protéines différentes sont visibles. Elles donnent des informations sur la fonction des différents types de cellules qui composent la rétine, par exemple les cellules à b?tonnets et à c?nes ainsi que les cellules ganglionnaires.
Les chercheurs ont complété cette information d'image de protéines rétiniennes par des informations sur les gènes lus dans les différentes cellules.
Haute résolution spatiale et temporelle
Les scientifiques ont effectué toutes ces analyses sur des organo?des d'?ges différents et qui se trouvaient donc à différents stades de développement. Les chercheurs ont ainsi créé une série chronologique d'images et d'informations génétiques décrivant l'ensemble du développement des organo?des rétiniens, qui a duré 39 semaines. "Nous pouvons ainsi montrer comment le tissu organo?de se construit lentement, où et quand se multiplient les différents types de cellules et où se trouvent les synapses. Ces processus sont comparables à ceux de la formation de la rétine pendant le développement embryonnaire", explique Gray Camp, professeur à l'université de B?le et l'un des responsables de cette étude.
Les chercheurs ont publié leurs images et d'autres informations sur le développement de la rétine sur un site web accessible au public : EyeSee4is.
D'autres types de tissus en projet
Jusqu'à présent, les scientifiques ont étudié le développement de la rétine saine. A l'avenir, ils souhaitent perturber délibérément le développement des organo?des rétiniens à l'aide de substances actives ou de modifications génétiques. "Cela nous permettra d'acquérir de nouvelles connaissances sur des maladies telles que la rétinite pigmentaire, qui est héréditaire et qui entra?ne une dégénérescence des récepteurs photosensibles de la rétine au cours d'un processus insidieux, au cours duquel les personnes concernées deviennent aveugles", explique Camp. Les chercheurs veulent découvrir quand ce processus commence et comment on peut éventuellement l'arrêter.
Treutlein et ses collègues sont également en train d'appliquer la nouvelle approche de cartographie détaillée à d'autres types de tissus, comme différentes parties du cerveau humain et différents tissus tumoraux. L'objectif est de créer petit à petit un atlas qui renseigne sur le développement des organo?des et des tissus humains.
Référence bibliographique
Wahle P, Brancati G, Harmel C, He Z et al : Multimodal spatiotemporal phenotyping of human retinal organoid development. Nature Biotechnology, 8 mai 2023, doi : page externe10.1038/s41587-023-01747-2